On a abordé ce Paris-Camembert avec des incertitudes quand au parcours. Il avait été modifié, sur le papier c’était moins dur, mais à quel point ? Il s’est avéré que ça faisait bien mal quand même. Il y avait toujours les murs à 15%, certes avant la partie finale qui était plus roulante, mais sur des routes tantôt étroites, tantôt très tournantes, le peloton a souvent été en file. L’équipe FDJ a cherché à emballer la course d’assez loin, puis c’est la Cofidis qui au contraire a voulu contrôler pour Nacer Bouhanni. Contrairement à la Roue tourangelle où ils n’avaient jamais pu revenir sur les hommes de tête, ils ont cette fois-ci réussi leur coup.
Dès lors que cette course allait se finir au sprint, j’ai voulu faire comme, probablement, tout le monde : prendre la roue de Nacer. On était quatre de l’équipe AG2R La Mondiale bien placés après les difficultés principales, les autres avaient pour mission de suivre les accélérations.
Comme ça allait arriver groupé, j’ai continué à recevoir leur aide, et ça m’a bien aidé car la fameuse roue en question, je l’ai perdue à 1 500 mètres du but. François Bidard m’a donné un coup de main très précieux pour me remettre là où je voulais être. Aux 700 mètres, j’étais à nouveau derrière Nacer.
Un peu comme l’an dernier sur le Tour de Vendée, quand je cherchais à prendre les points pour gagner la Coupe de France, je suis parti du principe que je ne pourrais pas battre Nacer Bouhanni dans un sprint. J’ai préféré faire deuxième plutôt que de tenter quelque chose et de rater mon coup. C’est du calcul, oui, mais c’est aussi du réalisme : si Nacer est là pour la gagne dans un dernier kilomètre qui n’est pas en prise, emmené comme il est, il n’est pas prenable. Je suis à 11 points de Nacer Bouhanni à la Coupe de France, 53 du leader Laurent Pichon, qui ne fait « que » septième aujourd’hui. Je suis replacé.
Jeudi, pour le Grand Prix de Denain, ce sera probablement encore un sprint, différent comme on a pu le voir l’an dernier avec Dan McLay qui avait slalomé dans l’aspiration. Le niveau sera relevé, je suis conscient qu’un garçon comme Rudy Barbier, qui sera sur ses terres, est sans doute plus apte que moi à faire un résultat. Mais sur une arrivée où les vagues peuvent vite éliminer un coureur, mettre tous les oeufs dans le même panier peut être risqué. On verra ce que l’on fixera au briefing. L’essentiel, c’est de retrouver le chemin de la victoire. Romain Bardet a fait 2e l’autre jour sur une étape du Pays basque, je fais deuxième sur ce Paris-Camembert. Il faut concrétiser.